Les troubles
musculosquelettiques de A à Z

Tout savoir pour prévenir les TMS en entreprise

Définition des TMS

Que sont les TMS ?

Les troubles musculosquelettiques (TMS) sont des affections qui touchent l’appareil locomoteur, principalement les muscles, les tendons, les ligaments, les nerfs, les articulations ainsi que les autres structures. Ils se manifestent par des difficultés à accomplir le travail et par des douleurs.

Depuis 2023, les cas de TMS ont augmenté de 60 % par rapport aux années précédentes. En 2015, ces troubles ont représenté plus de 87 % des maladies professionnelles ayant entraîné un arrêt de travail ou une compensation financière en raison de séquelles. En Europe, une croissance annuelle moyenne de 13 % depuis une décennie est observée.

Les origines des TMS

Les TMS sont d’origine multifactorielle, c’est à dire qu’ils surgissent à causes de différents facteurs de risques, à savoir : 

  • Les facteurs biomécaniques ;
  • Les facteurs psychosociaux ;
  • Les facteurs organisationnels ;
  • Les facteurs environnementaux ;
  • Les facteurs individuels.

 

Les TMS résultent souvent d’une combinaison complexe de facteurs biomécaniques, psychosociaux, individuels, organisationnels, environnementaux, et sont liés à l’activité professionnelle.

Les facteurs de risques des TMS

Les zones corporelles les plus affectées par les TMS

Les TMS touchent principalement les membres supérieurs (épaules, coudes et poignets), la nuque, le dos ainsi que les membres inférieurs (genoux).

Source : Ameli.fr

Les maladies professionnelles

Le tableau 57 donne la liste des maladies professionnelles générées par certains gestes et postures de travail, particulièrement les affections périarticulaires. Il s’agit des affections liées aux articulations provoquées par des gestes et des postures répétés ou de longue durée.

Le canal carpien

Le syndrome du canal carpien désigne les troubles liés à la compression du nerf médian au niveau du poignet. Les symptômes dus à la compression de ce nerf consistent en des altérations de la sensibilité, une diminution de la force et des douleurs au niveau des trois premiers doigts et de la moitié du quatrième doigt de la main, sur le versant du pouce. 

Le syndrome du canal carpien est très fréquent, notamment chez les femmes entre 30 et 50 ans. Il peut toucher une main ou les deux.

Syndrome du canal carpien
Causes :
  • Les activités manuelles répétitives et rapides sollicitant les membres supérieurs, que ce soit dans un cadre professionnel (comme l’emballage, l’utilisation d’outils à main, l’essorage d’une serpillière) ou dans des activités domestiques et de loisirs (bricolage, jardinage, ménage, sport), sont des facteurs prédisposants.
  • Les mouvements de flexion-extension et de prono-supination du poignet.
  • L’utilisation répétée de la pince pouce-index avec force, ainsi que les travaux nécessitant une force statique prolongée.
  • Les activités exposées aux vibrations (telles que l’utilisation de marteaux-piqueurs) ou effectuées dans des environnements froids.
Conséquences :
  • Des douleurs ou des fourmillements à l’intérieur de la main ou au niveau des 3 premiers doigts.
  • La sensibilité de la main diminue, ce qui affecte les gestes du quotidien.
  • Atteinte de la motricité avec une baisse de force du poignet. A terme, la motricité peut très fortement diminuer, avec un vrai handicap manuel.

Le syndrome de la loge de Guyon

Le syndrome de la loge de Guyon correspond à la compression et l’inflammation du nerf ulnaire (nerf cubital) lors de son passage dans le canal de Guyon au niveau du poignet. Il est caractérisé par des douleurs au niveau des deux derniers doigts (annulaire et auriculaire), qui peuvent remonter au niveau du poignet, du coude et de l’avant-bras

Syndrome de la loge de Guyon
Causes :
  • Travaux comportant des mouvements répétés ou prolongés d’extension du poignet ou de préhension de la main.
  • L’utilisation de la main comme outil
  • L’utilisation d’outils et les vibrations
  • Les chocs et les traumatismes
  • Certaines pathologies (rhumatismales, endocriniennes)
Conséquences :
  • Douleur dans les deux derniers doigts (annulaire et auriculaire) ;
  • Douleur au niveau du poignet, de l’avant-bras et du coude ;
  • Douleur la nuit ;
  • Maladresse des mouvements de main ;
  • Paresthésie (picotement, fourmillement, engourdissement) ;
  • Sensation de perte de force au niveau de la main.

Le syndrome de la coiffe des rotateurs

Le syndrome de la coiffe des rotateurs est une affection de l’épaule qui implique des dommages ou une irritation des tendons et des muscles qui stabilisent et facilitent les mouvements de cette articulation. La coiffe des rotateurs est composée de quatre muscles principaux (le sus-épineux, l’infra-épineux, le petit rond et le sous-scapulaire) et de leurs tendons, qui entourent la tête de l’humérus et permettent une grande variété de mouvements de l’épaule.

Syndrome de la coiffe des rotateurs
Causes :
  • Travaux comportant des mouvements ou le maintien de l’épaule sans soutien en abduction :
    • avec un angle supérieur ou égal à 60° pendant au moins deux heures par jour en cumulé

       ou

    • avec un angle supérieur ou égal à 90° pendant au moins une heure par jour en cumulé.
Conséquences :
  • Une douleur particulièrement intense la nuit, en appui sur l’épaule.
  • Une faiblesse musculaire pouvant réduire la capacité de lever le bras au-dessus de la tête ou de le déplacer dans certaines directions.

L’épicondylite

L’épicondylite est une inflammation des tendons du coude qui se traduit par une douleur au niveau de l’extérieur du coude, due à des lésions des tendons des muscles de l’avant-bras qui se fixent sur l’épicondyle.

L'épicondylite
Causes :
  • Travaux comportant habituellement des mouvements répétés de préhension ou d’extension de la main sur l’avant-bras ou des mouvements de pronosupination
Conséquences :
  • Une sensation de brûlure ou une douleur à l’extérieur du coude, qui peut se diffuser jusqu’au poignet, et qui a tendance à s’aggraver la nuit.
  • Une raideur ou une douleur lors de l’extension du bras.
  • Une prise de la main affaiblie lorsque la personne essaie de saisir ou tenir des objets.

L’épitrochléite

L’épitrochléite est une inflammation des tendons situés sur le bord médial, ou interne du coude, s’insérant au niveau l’épitrochlée (excroissance médiale ou interne de l’humérus). L’épitrochléite est l’équivalent de l’épicondylite, mais sur l’autre versant du coude, du côté du petit doigt.

L'épitrochléite
Causes :
  • Travaux comportant habituellement des mouvements répétés d’adduction ou de flexion et pronation de la main et du poignet ou des mouvements de pronosupination.
Conséquences :
  • Une douleur vive au niveau de l’avant-bras et du poignet
  • Une diminution de la force de préhension de la main
  • Une sensation d’engourdissement et de picotement au niveau de la main

La lombalgie

La lombalgie, appelée communément « mal de dos » ou « lumbago », est une douleur, souvent intense, au niveau des vertèbres lombaires, situées en bas du dos. En cas de lombalgie, on peut aussi ressentir un sentiment de blocage ou des difficultés à faire certains mouvements.

Lombalgie
Causes :
  • Manutentions manuelles.
  • Chutes.
  • Exposition du corps entier aux vibrations .
  • Postures contraignantes.
  • Traumatismes.
  • Efforts importants
Conséquences :
  • Douleur locale au niveau des lombaires. Elle est plutôt diffuse et continue.

L'hygroma du genou

L’hygroma du genou est une inflammation de la bourse séreuse (bursite) se trouvant en avant de la rotule. Cette inflammation va entraîner une augmentation du volume de la bourse séreuse avec apparition de liquide.

Hygroma du Genou
Causes :
  • Travaux comportant de manière habituelle un appui prolongé sur le genou.
Conséquences :
  • Une douleur située au niveau de la rotule, à l’avant du genou, souvent accompagnée d’une raideur de l’articulaire, d’une rougeur et/ou d’un gonflement (tuméfaction) qui correspond à une forte production de liquide synovial.

Source : Tableau57

Les différents stades des TMS

Les troubles musculosquelettiques présentent des symptômes qui évoluent en fonction de leur localisation et de leur nature. Leur manifestation initiale est souvent discrète, progressant ensuite en plusieurs phases distinctes.

Stade initial des TMS :

Les premiers signes se traduisent par des douleurs et une gêne fonctionnelle pendant l’activité, s’atténuant au repos sans altérer la capacité de travail.

Stade intermédiaire des TMS :

Les douleurs surviennent de plus en plus tôt dans la journée, persistent au repos et réduisent la capacité de travail.

Stade avancé des TMS :

Les symptômes deviennent plus spécifiques, incluant des signes d’inflammation, une altération de la mobilité ou de la force, voire une fonte musculaire. Ils entraînent une incapacité à effectuer le travail habituel.

Le coût des TMS pour l’entreprise

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) ont un coût important pour les entreprises. On identifie 3 différents types de coûts :

Les coûts des TMS

Coûts directs :

Les coûts directs qui incluent les cotisations d’assurance maladie, les indemnités versées aux salariés absents pour maladie, les sommes dépensées pour aménager les postes de travail et le temps passé à gérer et à administrer les dossiers des collaborateurs concernés. En 2017, le coût direct pour les entreprises s’est élevé à près de 2 milliards d’euros.

Coûts indirects :

Les coûts indirects représentent entre 2 à 7 fois les coûts directs selon l’Anact et comprennent les coûts de remplacement et de gestion administrative, ainsi que les coûts liés aux dysfonctionnements organisationnels et à l’image de marque de l’entreprise.

Coûts stratégiques :

Les coûts stratégiques sont liés aux limites que posent les TMS. Ces coûts ne se calculent pas comme les précédents, puisqu’ils concernent le personnel (risque de conflit, QVT…), la production (plus de temps requis pour effectuer une même tâche), les commandes (en raison d’une augmentation du prix des produits) ou encore l’éthique (mauvaise image de l’entreprise).

Les coûts engendrés par les TMS :

Photo Canal Carpien

Le canal carpien

Coût moyen : 12 780 €
Durée de l’arrêt de travail : 151 jours

Photo TMS de l'épaule

Les TMS de l'épaule

Coût moyen : 17 000 €
Durée de l’arrêt de travail : 220 jours

Photo Tendinite de la coiffe des rotateurs

La tendinite de la coiffe des rotateurs

Coût moyen : 52 759 €
Durée de l’arrêt de travail : 298 jours

Photo Épicondylite

L'épicondylite

Coût moyen : 18 220 €
Durée de l’arrêt de travail : 195 jours

ICONE - Maladies Professionnelles

Maladies professionnelles

Les TMS représentent 87% des maladies professionnelles.

ICONE - Gravité des TMS

Gravité des TMS

45% des TMS entraînent des séquelles lourdes avec des risques importants de désinsertion professionnelle.

ICONE - Accidents du travail

Accidents de travail

Les TMS représentent 20% des accidents de travail déclarés selon les derniers chiffres.

ICONE - Coût

Coût pour les entreprises

Le coût direct pour les entreprises s’élève à près de 2 milliards d’euros par an en moyenne.

ICONE - Absentéisme

Absentéisme

Les TMS engendrent 22 millions de journées de travail perdues.

Les secteurs les plus touchés par les TMS

Les secteurs d'activité face aux TMS

Les TMS sont présents dans tous les secteurs d’activités, aucun n’est épargné et tous ont besoin de mettre en place des actions pour lutter contre.

Les plus impactés sont notamment :

 

-Le transport et la logistique

-Le commerce

-L’agroalimentaire

-Les services de propreté

-Le bâtiment et les travaux publics

-L’industrie métallurgique et manufacturière

-Le secteur médico-social (soins de santé et aide à domicile)

Les secteurs touchés par les TMS

Source : Ameli.fr

La démarche de prévention des TMS

Les 3 principes fondamentaux de la démarche de prévention des TMS

La démarche de prévention des TMS repose sur 3 principes fondamentaux :

1 – L‘approche globale pour prendre en compte l’ensemble des facteurs de risque,
2 – La participation de tous les acteurs de l’entreprise
3 – Le partage des connaissances et compétences.

Les 4 étapes clés de la démarche de prévention des TMS

Le démarche de prévention des TMS repose principalement sur la phase d’intervention qui comporte 4 étapes clés :

ICONE - Mobiliser

1 - Mobiliser

Comprendre les enjeux

Mettre en place les moyens nécessaires

Associer les différents collaborateurs

ICONE - Investiguer

2 - Investiguer

Connaître les risques

Analyser les situations de travail

Identifier les facteurs de risques

ICONE - Maîtriser

3 - Maîtriser

Réduire les contraintes de travail

Former et informer les opérateurs

Maintenir les capacités physiques

ICONE - Évaluer

4 - Évaluer

Utiliser tous les moyens mis en oeuvre lors de la phase d’investigation afin d’évaluer les améliorations apportées

Source : INRS

Les TMS et le ROI

La situation actuelle ROI et TMS

Pour 1€ investi par les entreprises, la prévention des TMS rapporte 2.18€ à l’entreprise. 

La prévention des TMS, bien que coûteuse, se révèle donc bien plus économique à long terme pour l’entreprise. Les bénéfices incluent une hausse de la productivité grâce à l’amélioration des conditions de travail, une réduction des maladies professionnelles et une diminution des cotisations de l’employeur à l’assurance maladie.

TMS et ROI

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